Les Bleues sont passées à l'Orange !
Une performance, donc, dont la portée pourrait se trouver amoindrie par l'étroitesse du score pour quiconque n'aurait pas vu la rencontre. Mais, que ce soit pour les quelques 8 000 spectateurs venus encourager leur équipe nationale ou pour les 761 000 spectateurs massés devant leur téléviseur, personne ne s'y trompe : il n'y avait, hier soir, qu'une seule formation décidée à produire le jeu chatoyant qu'on lui connait, l'équipe qui arborait la tunique frappée du coq.
On assistait donc, en première période, à d'incessantes vagues bleues qui déferlaient, pour venir, le plus souvent, mourir sur les remparts orangés, et, ce, en raison d'un terrain bosselé, doublé d'une maladresse technique, peu habituelle.
C'est donc une domination sans partage mais stérile que nous offrait en spectacle le onze tricolore (dans lequel ne figurait pas moins de sept joueuses de l'Olympique Lyonnais)... jusqu'aux arrêts de jeu de la première période et cette 46ème minute où, comble de l'injustice, l'équipe batave ouvrait la marque sur un coup franc direct de Sptise, idéalement placé hors de portée de la malheureuse Sarah Bouhaddi, jusqu'ici impeccable sur ses interventions. Gros coup dur, donc, pour les françaises qui regagnaient les vestiaires avec ce but de handicap.
Mais il leur en fallait bien plus pour se laisser abattre, aussi décidaient-elles de repartir de plus belle, au retour des vestiaires.
Et il ne leur fallait attendre qu'une dizaine de minutes, la 54ème notamment, pour voir leurs efforts récompensés sur un ballon mal dégagé à la suite d'un corner. Une égalisation d'Eugénie Le Sommer, comme toujours opportuniste, au milieu d'une défense néerlandaise amorphe. Et comme tout un symbole de l'état d'esprit qui régnait dans cette entame de deuxième mi-temps, c'est de la tête que ce mètre soixante et un d'attaquante propulsait le cuir au fond des filets, devançant ainsi les solides défenseurs adverses qui l'entouraient.
Un but qui venait faire taire tous les observateurs peu convaincus qui, peut-être déjà, rédigeaient leurs articles en demi-teinte (voire incendiaires) sur la prestation générale de l'attaque tricolore et, notamment, les trois duels "ratés" par la joueuse lyonnaise en première période.
On retrouvait, ainsi, un score plus proche de la physionomie de la rencontre, même si l'équipe de France méritait de mener tout de même à la marque, pour la domination qu'elle imposait à son adversaire du soir.
Dès lors, on en rêvait, Marie-Laure Delie l'a fait ! à la 68ème minute, un deuxième but venu d'ailleurs, sur une inspiration géniale de l'attaquante parisienne qui, d'un tir en pivot surpuissant, plaçait la balle en pleine lucarne... un geste d'attaquante de grande classe qui venait définitivement réduire au silence les sceptiques et grossir l'impressionnante statistique de "buts par sélection jouée" pour cette originaire des Antilles, qui compte désormais pas moins de 30 buts en 32 sélections... tout simplement hallucinant.
La soirée semblait bouclée pour les 22 actrices qui se contentaient de gérer, pour les unes, leur avantage, et de contenir, pour les autres, les derniers coups de boutoir.
D'ailleurs, le public d'aficionados émérites présent ne demandait même pas de troisième but en guise de mise à mort, il se contentait de ce brillant renversement de situation et de saluer l'heureux dénouement, par une belle ovation, à celles qui étaient devenus, ce soir-là, les reines de Nîmes...
Du côté des joueuses et du staff tricolores, il y a fort à parier que la satisfaction était au rendez-vous à l'issue de ce match du fait de la victoire, bien sûr (sur une équipe qui, de surcroit, ne leur réussissait pas depuis des années), mais aussi, et surtout, pour la force de caractère qu'elles avaient su montrer pour renverser une situation mal engagée. Un première étape franchie avec succès qui était de bon augure dans l'optique des quatre matchs restants pour la préparation aux Jeux Olympiques de cet été, à Londres.
La prochaine étape pour les bleues ? le tournoi de Chypre qui se déroulera du 24 février au 7 mars prochain. Elles affronteront en matchs de poules la Suisse (le 28 février à 13h30), la Finlande (le 1er mars à 16h30), et l'Angleterre qu'elles retrouveront quelques mois après l'épique quart de finale de Coupe du Monde en juillet 2011 (le 4 mars à 16h30). Un dernier match de classement devrait se dérouler le 6 mars 2012, soit la veille du 8ème de finale retour de Ligue des Champions des garçons de l'Olympique Lyonnais face à l'équipe chypriote de l'Apoel Nicosie...
Ces messieurs pourront donc, à n'en point douter, compter sur le support inconditionnel de leurs homologues féminines, présentes en nombre dans la délégation tricolore.
Et comme il est dit que le hasard (même du calendrier) fait bien les choses, ne serait-ce pas là un signe du destin comme pour porter chance à la formation rhodanienne et lui permettre d'entrevoir des quarts de finale, inespérés, compte tenu du contexte de la saison (changement de staff, qualification après barrages, etc...) ?
Réponse le 7 mars prochain...
Par Olivier Menghini
Spécialiste des Féminines à Foot Actu OL.